Par Le Figaro – Éditorial –
Cette année encore, les fêtes de Pâques ont eu en Orient un goût de larmes. Lors de sa bénédiction urbi et orbi, hier, le Pape a eu une intention appuyée pour «tout le Moyen-Orient» et, en particulier, la Syrie, «où une guerre ne cesse pas de semer horreur et mort». Mais le monde avait aussi en tête les 45 victimes des communautés chrétiennes de Tanta et d’Alexandrie, attaquées la semaine dernière, à l’office des Rameaux. Celles-là ont vécu la semaine sainte non pas en suivant distraitement le calendrier liturgique, mais en participant dans leur chair à la Passion de leur Seigneur. Les coptes sont désormais ouvertement ciblés par Daech. Les islamistes sont la nouvelle plaie d’Égypte. Nonobstant son glorieux passé historique de la vallée du Nil, ils voudraient la décréter «dar al-islam», une terre soumise à la loi de l’islam, où les chrétiens seraient des corps étrangers.
C’est faire table rase du passé entre un pays et une foi, nier l’Écriture qui dit que le Christ enfant trouva refuge en Égypte pendant les persécutions décrétées par Hérode, bafouer la tradition qui voit dans l’évangéliste saint Marc le fondateur de l’église d’Alexandrie. Détruire la longue et riche histoire des Pères du désert qui, avec saint Antoine, est née dans cette région du monde.
À chaque attentat en Égypte, en Irak ou ailleurs, les opinions internationales s’émeuvent, compatissent sincèrement. Et après? Sont-elles – sommes-nous – persuadées que ce sont nos racines spirituelles qui sont touchées, menacées? Déclarer «Nous sommes coptes» ou «Nous sommes nouns» (signe infamant apposé par Daech sur les maisons des chrétiens), ce n’est pas choisir un slogan le temps d’un tweet ou d’une manifestation de solidarité, c’est redire la réalité profonde du lien qui nous unit aux Églises d’Orient. C’est la même haine aveugle qui unit les assassins des victimes des Rameaux sanglants d’Alexandrie ou de Saint-Étienne-du-Rouvray. C’est la même foi qui soude les communautés martyres.
Hier, les chrétiens de France et d’Égypte ont célébré avec la Résurrection du Christ la vie plus forte que la mort. Même dans les cris de douleur, leur espérance est plus forte que leur chagrin. Daech, où est ta victoire?
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Par Etienne de Montety
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Photo: Le patriarche copte, Théodore II, célèbre la messe de Pâques dans la cathédrale Saint-Marc, dimanche, au Caire. – Crédits photo : KHALED DESOUKI/AFP
